René KERVILER, dans son Répertoire
général de bio-bibliographie Bretonne, tome XI,(14)
écrit, en regard du
patronyme Rouaud ou Rouault : "
Ce très vieux nom, d'origine germanique, se rencontre en
Bretagne dès le X ème siècle en la personne de Rouaud
ou Raoul 1er, évêque d'Aleth (pouillé de Rennes, I, 576
). Celui-ci
souscrivit, en 990, à une donation faite au
Mont-St- Michel, en 1008, au rétablissement de
l'abbaye de Saint-Méen par la duchesse Havoise, et vers 1020,
à une charte en faveur du prieuré de Livré ( Dom Morice, Preuves,
I, 351, 359, 382)"(1).
Il pouvait, ainsi, continuer en citant, au XIème
siècle, les fondations du prieuré de Notre-Dame du Pellerin
(en 1050) par le seigneur Rouaud
et du prieuré de Donges. On dispose, en effet, de
documents fort anciens, parmi les plus anciens conservés aux Archives
Départementales de Loire-Atlantique et en Indre-et-Loire. Ces documents
provenant des fonds de l'Abbaye de Marmoutier (Diocèse de Tours,
commune de Sainte-Radegonde) ont tout d'abord été traduits au XVIIIème
siècle par les moines bénédictins Dom Morice et Dom Lobineau pour leur
" Histoire de Bretagne " (1-2
). Ils ont, ensuite, fait l'objet, par des historiens du XIX et XXème
siècles, d'études approfondies sur la société rurale et la création des
bourgs et des prieurés au XI et XIIème siècles.
( 3-4-5
)
Tous ces manuscrits, écrits en bas
latin, sont rassemblés en fonds (fonds de Donges, du Pellerin, …)
constitués de pièces, elles-mêmes constituées de notices où sont
relatés des fondations de prieurés, des concessions de terre, des
droits, des donations, etc.
Rouaud apparaît
ainsi, dans ces manuscrits,(voir extrait) sous
les
formes latines Roald, Roaldus, Roaldi…
Il est cité à de nombreuses reprises dans ces documents. Rouaud
est en effet un seigneur du Pellerin vers 1050
mais aussi un vicomte de Nantes au XIème siècle.
Il semble être à l'origine de la vicomté de Donges (4-5-6-7)
dont la généalogie, bien
qu'incomplète, fait apparaître ce nom à diverses reprises en
quasi-alternance avec Friold, Gaufrid, Savary, Eudon, … du XIème
au début du XIIIème siècle.
Ces fondations de prieurés, nombreuses à partir de la deuxième moitié du XIème siècle, étaient initiées par l'évêque du diocèse suite aux demandes successives des Papes. Ces derniers avaient été informés du pillage des biens et revenus de l'Eglise dans les régions de France ravagées par les invasions normandes récentes, et, entre autres, la basse vallée de la Loire. La méthode employée consistait à demander aux descendants de ces pilleurs devenus, en partie de ce fait, riches et puissants mais aussi convertis, pour la plupart, à la religion catholique, de redonner au clergé les biens injustement acquis. Dans le texte qui sert de préambule à la charte de fondation du prieuré de Notre-Dame du Pellerin (4), Rouaud précise lui-même quels sont les motifs qui l'ont incité à se séparer de certains biens qu'il possédait de fait mais qui, de plein droit, revenaient à l'Eglise. Ceci me semble être un élément déterminant de l'appartenance des Rouaud à ces normands qui investirent la Loire jusqu'à Angers et parfois, bien au-delà, et établirent une principauté scandinave à Nantes durant quinze ans, entre 921 et 936. (8-9-10) Ces Rouaud et leurs descendances s'étaient approprié de grands territoires en bordure de Loire. La vicomté de Donges (6-7) s'étendait, à l'origine, sur les communes actuelles de Donges, Montoir, Besné et partiellement St Nazaire. Elle possédait même des droits de péages sur la Loire. Tout bateau, passant devant Donges, devait s'acquitter d'un droit (tonlieu) sur les marchandises transportées(sel). Une exception fut faite pour les barques des moines qui apportaient de la chaux du Poitou, pour le château de Donges.(page suivante n°2)
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